Don Quichotte,
la réaffirmation messianique du Coran

En deux ouvrages de référence déjà parus, Dominique Aubier a élucidé le codage hébraïque de Don Quichotte. Universalité oblige, elle dévoile ici l'intime intrication du texte cervantien avec le Coran. Don Quichotte, en effet, est un puissant commentaire imagé de la pensée coranique. Ainsi, en référence à la sourate dix-huit, l'Hidalgo plonge dans la Caverne de Montésinos. Il y rencontre les Dormants, ces maîtres que la civilisation matérialiste a écrasés. Dominique Aubier leur jette la corde et libère l'extraordinaire initié que fut Mansour Al-Hallâj, que Cervantès fait apparaître sous le masque de l'un des principaux personnages de son roman et auquel il rend un vibrant hommage.

Dominique Aubier a découvert que de Muhammad à Cervantès, par l'intermédiaire d'Al-Hallâj, se traçait une filiation spirituelle. Pressurés par le codon divin, ces trois hérauts, chacun en leur temps, travaillent historiquement à la même œuvre : décrire l'Esprit. Ainsi, pour comprendre l'Islam, il faut disposer d'une compréhension actualisée du sacré qui sache tenir compte des sciences, dans un espace intellectuel nouveau : celui des temps messianiques ouverts par Don Quichotte, vecteur d'universalisation de la grande leçon hébraïque.

L'auteure dévoile les errances qui compromettent le texte coranique dans des interprétations soucieuses d'intérêts politiques. Elle rétablit le sens des sourates au plus près du sens des lettres, en corrélation avec l'irrécusable enseignement d'Israël. Dominique Aubier réalise ici un magistral Ta'wîl, c'est-à-dire une reconduction au sens premier. Il en résulte une œuvre de synthèse, une exégèse unique répondant à la grande attente fatimide : le tafhîm au sens strict du mot qui signifie l'herméneutique supérieure. Cet ouvrage de Dominique Aubier — qui a vécu près de trente ans en Andalousie — est un véritable Kitab al-Tabsira moderne, pour reprendre le titre du célèbre livre de l'explication pénétrante de Ib'n Masara (883-931), le soufi espagnol fondateur de l'école d'Alméria. Mais ici, l'explication est dégagée du symbolisme et ouvre sur une compréhension sans voile. L'ouvrage présente un lumineux chapitre sur les Révélations de La Mekke, de l'andalou Ibn' Arabî.

Cette étude extrêmement documentée s'orne d'une remarquable précision de la pensée. L'ouvrage constitue une exégèse du Coran qui assume pleinement la personnalité du Prophète de l'Islam, sans rupture avec la voie hébraïque, donneuse de sens. Rendant hommage aux grands initiés soufis, tel Mansûr Al-Hallâj, Ibn' Arabî, Rûzbehân, Dominique Aubier salue les travaux des chercheurs Asin Palacios, Louis Massigon et Henry Corbin qui ont sauvé de l'oubli les textes de cette tradition. Ce livre apporte une lisibilité nouvelle au Coran dont les archétypes sont clairement dégagés : par-delà l'apparence littérale transparaît enfin le bâtin tant espéré des soufis. Un regard moderne sur l'Islam et dont l'islam a grand besoin.

Dominique Aubier a demandé que cet ouvrage soit réservé prioritairement aux Lecteurs ayant pris connaissance de la mise au point qu'elle a publiée dans le livre La Porte de l'Inde. L’auteure y consacre des précisions indispensables sur les rapports entre l’islam et son partenaire structurel obligé qu’est l’hébreu.